Life clock est une œuvre de Bertrand Planes. Elle nous rappelle, aussi cruellement que silencieusement, que la vie est courte et que le temps passe, quoi qu’il arrive. La grande aiguille fait un tour en une année. La petite aiguille fera un tour en 84 ans.
Cette œuvre me met mal à l’aise. C’est déprimant, c’est glauque. L’horloge égraine les jours, à son rythme. Est-ce le côté linéaire et monotone de l’écoulement du temps, à notre échelle macroscopique, qui peut provoquer ce malaise ? Ou est-ce le fait que cette horloge, contrairement aux horloges classiques, ne nous permettra pas d’en observer plusieurs cycles ?
Le côté cyclique est rassurant, réconfortant. Les cycles nous permettent de recommencer, mais en changeant un petit quelque chose à chaque fois, d’espérer faire plus, mieux ou différemment que le cycle précédent. Des cycles que l’on peut compter, pour les accumuler, comme des points d’un jeu de société.
Mais que faire d’une horloge qui ne nous permette plus de compter les cycles ?
Cette horloge est sobre, froide, elle nous nargue de son air « je continuerai ma course même après ta mort, toi qui me regarde« .
Tempus fugit. Cette horloge te dit simplement que le temps passe, qu’il s’écoule selon les lois de la physique, selon une théorie d’un espace-temps qui ne nous est pas encore totalement compris. Il passe, c’est tout, et c’est comme ça, sans que l’on puisse le maîtriser ou même juste le ralentir.
Carpe diem. Cette horloge te rappelle que chaque tour de grande aiguille est une année, et que chaque mouvement, quasi-imperceptible, est un moment à vivre. Un moment pour agir. « Vas-tu rester planté là à me regarder ? » pourrait-elle nous dire, cette horloge. Quel paradoxe de la regarder tourner, car en cela, c’est notre temps de vie de l’on regarder s’écouler. On n’a même plus envie de la regarder, par peur de ce qui arrive. Cette horloge est comme un miroir que l’on n’ose pas voir. Un miroir à réflexion.
Memento mori. C’est une horloge relative, car réglée différemment pour chaque personne, selon son âge. Et pourtant, elle porte en elle le signe d’un absolu : celui d’une fin certaine. Si nous sommes sûr du début de l’horloge, nous ne sommes pas sûr de sa fin. Elle nous laisse tout de même une note optimiste un peu amère : « Je ne suis pas un compte à rebours. N’oublie pas de vivre. Mais n’oublie pas de mourir… »